À quelques semaines du début de la commercialisation des premières moules de filières, les mytiliculteurs charentais-maritimes ne sont pas sereins.
« À la marée d’hier, il n’y avait pas de mortalité, si ce n’est le 1 % habituel ». Mercredi 21 avril, Benoît Durivaut, président du syndicat des mytiliculteurs du Pertuis Breton se montrait confiant. Une situation aux antipodes de celle connue l’année passée, à pareille époque. En effet, en 2014, la majeure partie de la production des moules de filières et de bouchots, produite au large des côtes de la Charente-Maritime, avait été décimée par un virus, selon le laboratoire l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Si, pour le moment, le naissain (larves de moules, ndlr) semble tenir sur les collecteurs posés en mer, le Comité régional de la conchyliculture (CRC) du Poitou-Charentes a tout de même les yeux rivés sur les rapports journaliers émanant de son vis-à-vis des Pays de Loire.
La Baie de Bourgneuf, située plus au nord de celle de l’Aiguillon et englobant la côte est de l’île de Noirmoutier, connaît à ce jour un taux de mortalité dans les concessions de moules allant de 80 à 90 %. Les premières analyses menées par l’Ifremer sont toujours en cours, mais laisseraient apparaître la présence d’une bactérie pathogène. Bactérie, qui serait identique à celle en partie à l’origine de la mortalité constatée dans le bassin charentais-maritime l’année passée.
Cette similitude du phénomène « inquiète, mais n’alarme pas encore », dixit Benoît Durivaud. Malgré tout, la vigilance est de mise chez les professionnels qui, depuis quinze jours en effet, ont constaté dans le Pertuis Breton situé au large des côtes vendéennes « des petits signes d’augmentation de la mortalité des mollusques ». Une inquiétude renforcée par le fait que ces mêmes sites avaient déjà été touchés en 2014. La mortalité faisant peut-être son apparition avec un mois de retard. Seule certitude, les mytiliculteurs ne pourront que subir, ce qui pourrait bien sonner le glas de leur profession.
Sept années pour s’en remettre Mickaël Sarreau a repris il y a cinq ans maintenant, l’entreprise familiale, qui se transmet de père en fils depuis quatre générations. Même si, à 35 ans, il ne regrette pas de s’être lancé dans l’aventure, 2014 lui laisse cependant un goût amer. Elle aura été pour lui synonyme de double peine. L’année passée, avant les premiers signes de mortalité, le jeune chef d’entreprise avait investi, histoire de développer son entreprise. 120 000 €. C’est le montant qu’il a dû débourser pour l’achat d’une filière et de 800 m de bouchots supplémentaires, ainsi que pour celui d’un bateau. Bilan des courses : 4 tonnes seulement de moules de vendues, contre 50 en 2013. Malgré tout, il a su rester la tête hors de l’eau, grâce à la diversification de la production de son entreprise, répartie en parts égales entre moules et huîtres. Et, comme pour les moules, le naissain d’huîtres est « beau actuellement », mais seul l’avenir dira ce qu’il deviendra.
Ombre au tableau, l’entreprise de Mickaël, comme onze autres dans le département, n’a toujours pas été indemnisée au titre des calamités agricoles. Elle devrait l’être cependant avant le mois d’août, dans le cadre de mesures complémentaires. Le montant sera calculé sur la base de 12 % des pertes subies. D’autres mytiliculteurs ont, eux, eu recours à l’emprunt, notamment pour éviter de procéder à des licenciements. Conséquence, selon Benoît Durivaud, « sept années à venir sans aucun investissement pour eux ».
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