Dans un marché concurrentiel, des viticulteurs tentent différentes voies pour émerger…
Coincés entre les grands crus de cognac, les vins du Haut-Poitou et du Bordelais, comment les producteurs locaux des Vals de Saintonge s’en sortent-ils pour faire vivre l’excellence de leurs vinifications ? L’Hebdo a déniché les initiatives de nos viticulteurs pour se faire connaître et capter une clientèle pas toujours locale. Un paradoxe.
À l’inverse des exploitations familiales traditionnelles, un groupe d’amis parisiens a eu l’opportunité en 2013 de planter à Gourvillette quelques rangs de vigne. Mais pas pour y produire du cognac, qui « accapare tout ce terroir magnifique », selon Yves Lageat, le vigneron et ancien cadre chez LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy). Le choix de la bande s’est construit sur un pari : la création d’un vin inscrit dans une démarche qualité singulière. « Pique Russe se différencie par une vigne plantée en haute densité (plus de 10 000 pieds à l’hectare) et un travail à la main, sans le recours aux pesticides », appuie le Parisien converti aux charmes du métier de vigneron charentais. Le réseau de vente est organisé en local, auprès des restaurateurs haut de gamme du pays rochelais et directement au domaine. Le vin devrait voir prochainement sa certification en bio.
Tourisme et proximité « Je fais visiter mon ancienne distillerie aux touristes », explique Christian Baudry, héritier du domaine familial de Saint-Hilaire-de-Villefranche. Et pour lui pas de doute, les grands noms du cognac et leur circuit de visites ne peuvent pas rivaliser avec sa technique de différenciation. Grâce à un réseau constitué de propriétaire de gîtes, Christian Baudry voit les touristes de l’hexagone et d’un peu plus loin, pousser les portes de son écomusée. Le cognac opte pour une viticulture durable pourvu d’outils anciens accumulés au fil des générations. Et pour compléter la visite, le vigneron a ajouté une étape préalable à la traditionnelle dégustation : la découverte olfactive de l’eau-de-vie dans chacune des étapes de la bonne chauffe. « C’est une affaire qui connaît un certain succès », affirme fièrement le septuagénaire.
“ C’est une affaire qui connaît un certain succès » Un peu plus loin à Macqueville, Juliette et Jean-François Quéron du “Plantis des vallées” ont fait le même pari, il y a un peu plus de 10 ans. À la différence près qu’ils ont créé au cœur des vignes, le célèbre jeu Le cep enchanté : un parc à thème sur le travail du vigneron et la découverte du vignoble au cœur de la propriété familiale d’une centaine d’hectares.
« Un concept ludique unique en France », souligne Alexandra Limouzin en charge de la gestion et de la communication. L’objectif est simple : capter une clientèle touristique jusque-là essentiellement attirée par la côte atlantique.
Viticulture durable pour le cognac
D’ici 5 ans, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) va engager 100 % des viticulteurs de la filière cognac dans une démarche de certification environnementale. La pérennité du vignoble, la protection du milieu naturel, la maîtrise des produits phytosanitaires, la gestion des effluents, la formation, la santé et la sécurité et l’harmonisation des relations entre la viticulture et son voisinage, sont les axes du référentiel initié par le BNIC en collaboration avec les chambres d’agriculture des deux Charentes, l’Institut français de la vigne et du vin.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.