La soirée a été particulièrement “animée“, lundi 30 mars à Saint-Savinien. Comme quoi on peut avoir gagné une élection, et avoir des lendemains douloureux !
Le président Godineau, tout juste élu conseiller départemental du nouveau canton de Saint-Jean-d’Angély, ne s’attendait cependant pas à une promenade de santé en présentant le budget 2015 de la CDC : les chiffres sont ce qu’ils sont et il est vrai qu’ils ne prêtent guère à la plaisanterie.
En un mot comme en cent, pour 2015, la Communauté de communes a besoin de 800 000 € pour équilibrer sa section de fonctionnement autour de 24,3 millions d’euros, et cela, selon le président, après avoir fait tout ce qui était possible pour diminuer les dépenses. D’où la présentation de trois hypothèses aux conseillers communautaires : une augmentation des taux d’imposition des ménages (la CFE et la taxe additionnelle FNB ne bougeant pas) de 22,7 % qui répond réellement aux besoins, une augmentation de 11 % qui y répond partiellement, et pas d’augmentation du tout… ce qui annonce des lendemains difficiles. La première hypothèse permettrait de restaurer une épargne nette à hauteur d’1,4 million d’euros, ce qui est recommandé par Stratorial Finances, le cabinet qui accompagne la CDC. La seconde ne permet une épargne nette que de 270 000 €, ce qui rend les marges de manœuvres particulièrement étroites en matière d’investissement.
Budget « à revoir » ! Le débat, on s’en doute, a été vif. Stéphane Chedouteaud, d’Aulnay, a estimé : « Il faut revoir le budget » [Ndlr, ce qui n’est possible que d’ici le 15 avril]. Parlant des contribuables, il rappelait : « Hier, ils ont voté. Aujourd’hui, on ne peut pas les matraquer. » Le maire de Macqueville, Christian Gratereau, était catégorique : « Je suis totalement contre une augmentation de la fiscalité. Il faut faire des économies. » Son collègue de Blanzac-les-Matha, Pierre Arnaud, élu depuis 1983, se faisait solennel : « Jamais je n’ai vu des dérives pareilles. Je ne voterai pas un budget pour la première fois de ma vie. » Jean-Jacques Poupard, maire des Eglises-d’Argenteuil, interrogeait ses collègues : « Est-ce qu’il ne faut pas se révolter contre tout ce que l’Etat nous impose : les obligations concernant l’accueil des gens du voyage, les temps d’activités périscolaires, etc. ? » Corinne Imbert, juste avant, avait demandé si on ne pouvait pas demander le report du projet d’aire pour les gens du voyage, en arguant de la baisse des dotations de l’Etat.
La difficile reprise des anciennes CDC Françoise Mesnard tentait une explication sur cette dérive budgétaire : « 950 000 € en 2014 sont dus aux reprises difficiles des anciennes CDC. Trois, voire quatre d’entre elles étaient au bord de la cessation de paiement et auraient été obligées d’augmenter leurs taux s’il n’y avait pas eu la grande CDC. » Elle proposait un travail de « construction budgétaire » associant toutes les commissions pour qu’il n’y ait pas de nouveau augmentation des impôts en 2016. Ce qui lui valait cette réponse de Stéphane Chedouteaud : « L’urgence, c’est de reprendre la copie. Les simulations n’ont été faites que sur les impôts. » Des propos « déplacés » selon le président Godineau.
Indemnités réduites pour les vice-présidents Didier Cosset, le maire de Brizambourg, a fait part à l’assemblée d’une proposition de la commission des finances à laquelle il appartient : demander une baisse des indemnités des vice-présidents. Alain Bertin, maire de Varaize, allait dans le même sens : « On ne peut demander au contribuable de faire un effort, sans nous-mêmes faire un effort. » Francis Boizumault, vice-président chargé des finances, a expliqué que ramenées à 80 %, comme cela a déjà été fait pour celle du président, cela générait une économie annuelle de 60 000 €. Françoise Mesnard, autre vice-présidente, a plaidé la cause des élus investis dans ces fonctions extrêmement chronophages : « Si on veut des élus plus jeunes, si on veut des élus dans la vie active, si on veut des élus ouvriers, agriculteurs, chefs d’entreprise… » Cela pour dire qu’élus, ils ne cotisent pas pour leur retraite avec leurs indemnités et qu’ils sont obligés de dépenser pour se faire remplacer ou de se mettre à temps partiel (voire très partiel, c’est son cas) dans leur activité professionnelle pour assumer leurs charges d’élus. Un jeune maire s’est alors levé pour lui répondre : « Moi-même, je travaille onze heures par jour, je suis maire, je suis pompier volontaire… et je ne touche que 500 € d’indemnités de maire ». Applaudissements… Jean-Claude Godineau a soumis au vote de l’assemblée une proposition de ramener à 80 % les indemnités de ses vice-présidents : acceptée, avec tout de même 40 contre et 11 abstentions. « C’est de la poudre aux yeux pour faire passer le reste », commentait en a-parté un maire, désabusé. Et le reste est passé ! Le vote –à bulletins secrets- a permis d’adopter ce budget avec une hausse de 11 % des taux d’imposition des ménages : 64 « oui », 55 « non » et 13 abstentions, pour 132 votants
Olivier Lepoutre
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