Un bateau mérovingien sera reconstruit à Tonnay-Charente pour améliorer les connaissances archéologiques. Le chantier sera ouvert au public.
Rochefort a l’Hermione, Tonnay-Charente aura son bateau mérovingien. Le service régional d’archéologie va reconstruire un bateau du Moyen Âge en collaboration avec l’Institut Médico-Éducatif (IME), des experts et des professionnels de la navigation et de la construction navale. C’est suite à la découverte d’épaves au fond de la Charente, à Port-d’Envaux, près de Saintes, en 2011, que le service a effectué des fouilles d’urgence pour éviter que les structures ne se dégradent. Une première épave préservée à 80 % a ainsi été découverte, suivie de deux autres moins bien conservées et en cours de fouilles.
Les premières fouilles ont ainsi donné lieu à des représentations en 3D et ont livré quelques données théoriques aux chercheurs. Mais pour acquérir des certitudes, notamment sur la flottabilité des navires, le service d’archéologie a pris la décision de reconstruire l’un de ces bateaux pour les tester en vrai. « C’est de l’archéologie expérimentale : nous voulons réaliser le fac-similé de la synthèse des trois épaves du même type de l’époque mérovingienne pour répondre à des questions que l’état actuel des connaissances ne permet pas de répondre », indique Jean-François Mariotti, du service régional d’archéologie subaquatique.
Le 16 décembre, une convention a donc été signée avec l’IME pour associer les jeunes au projet. « On donne l’opportunité à une population de jeunes, qui sont à la recherche de parcours professionnels, de découvrir un métier confidentiel, celui de l’archéologie, mais aussi d’autres métiers : la charpente navale, la navigation, la ferronnerie… Ça ouvre un panel de métiers », poursuit Jean-François Mariotti. Ces jeunes participeront au chantier à partir de septembre 2016, chantier qui devrait durer deux ans. Une base nautique sera installée à Tonnay-Charente pour permettre au projet de se dérouler correctement.
Mais au-delà des jeunes et des professionnels, les archéologues ont aussi voulu ouvrir leur métier au grand public. Le chantier sera donc visible, et les visiteurs pourront suivre l’évolution des travaux jusqu’à la mise à l’eau du bateau. « Ils pourront se réapproprier le patrimoine, car c’est un marqueur chronologique de la batellerie régionale », souligne Jean-François Mariotti. D’ailleurs, cette reconstruction pourrait servir de point de départ à la création d’un conservatoire de la batellerie régionale, qui serait situé à Tonnay-Charente.
Une fois la reconstruction terminée, les archéologues se concentreront sur la phase expérimentale, qui devra répondre à leurs questions. Cette opération rappelle furieusement l’aventure du Radeau de la Méduse, à Rochefort, où une équipe documentaire d’Arte avait permis la reconstruction du célèbre radeau pour en tester les capacités en conditions réelles. Après l’Hermione et le radeau, le bateau mérovingien devient ainsi le troisième navire à être ressuscité dans le bassin rochefortais. Un début de vocation ?
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