Dimanche 29 octobre à partir de 13 h 05, 95 bateaux (44 Class40, six Ocean Fifty, 40 Imoca et cinq Ultim) prendront le départ de la 16e édition de la Transat en double Jacques-Vabre, au Havre. Cap sur Fort-de-France, en Martinique, où les vainqueurs des différentes classes sont attendus moins de trois semaines plus tard.
"La Transat qu'il ne faut pas louper"
Le Rétais Antoine Cornic et le Rochelais Jean-Charles Luro ne font pas figure de favoris. Mais les deux hommes apprécient cette course, qui fête cette année ses 30 ans : "On parle beaucoup de la Route du Rhum qui a lieu tous les quatre ans, mais la Jacques-Vabre est en train de se faire une place parmi les grandes transats, note Antoine Cornic, le skipper de l'Imoca Human Immobilier. Et pour nous, c'est la transat en double qu'il ne faut pas louper. Elle est marquée comme un élément majeur."
Le duo a participé à sa première Jacques-Vabre en 2021, finissant à une modeste 20e place. Antoine Cornic en garde un souvenir mitigé : "On était parti avec un gros déficit de voiles, précise-t-il. C'est un peu comme si vous partiez sur le Dakar avec une Lada non révisée ! Cela avait été assez compliqué, car on avait cassé 90 % des voiles. On était arrivé en slip et en chaussettes, si on peut dire !"
Cette année, les deux marins se veulent davantage confiants. Leur Imoca, construit en 2006, est l'un des plus vieux de la flotte. Ses performances n'atteignent donc pas celles de ses concurrents les plus récents : "On a plutôt ce que j'appelle un coffre-fort, s'amuse Antoine Cornic. C'est un bateau que l'on a racheté en 2020. Il est très solide, et fait pour les mers du sud."
Mais ce monocoque de 60 pieds (18,3 mètres) a subi d'importantes transformations pour être amélioré. Il a été allégé, sa quille changée, son mât et sa casquette modifiés, l'électronique fiabilisé... "On est en quête de performances pour rattraper nos copains de la génération d'après, ajoute le Rétais de 43 ans. Mais on ne pourra pas se battre avec des bateaux qui ont été mis à l'eau en 2021 ou 2022."
Des voiles neuves
Pour sa deuxième participation à la Route du café, le duo disposera également de plus de voiles. "Ce sont toujours des réformées, mais plus récentes, explique Antoine Cornic. On aura aussi quelques voiles neuves conçues pour le Vendée Globe. On est plutôt confiants car on sait que l'on ne devrait pas avoir trop de problèmes à ce niveau." Surtout, les problèmes d'infiltration d'eau à bord ont été résolus. "Naviguer au sec, ça vous change la vie, poursuit-il. [...] J'en avais plein le c... d'avoir de l'eau dans ce bateau ! De fait, on part sur cette transat Jacques-Vabre la tête reposée."
Une tête bien reposée, c'est ce que les concurrents devront avoir avant d'affronter dans les prochains jours l'Atlantique et ses nombreux dangers. Car en cette période de l'année, les conditions météorologiques ne seront pas forcément des plus clémentes. Antoine Cornic en sait quelque chose : "On sait qu'on part fin d'automne - début d'hiver, donc on aura des conditions un peu dures pour partir en direction du sud chercher les alizés qui vont nous emmener en Martinique", pense-t-il.
Antoine Cornic et Jean-Charles Luro ont beaucoup navigué ensemble en vue de cette transat - Yann Werdefroy
Le parcours promet lui aussi d'être exigeant. "On a voulu conserver des marques de passage qui obligent à plonger vers le sud comme la Transat Jacques-Vabre l'a toujours fait, confie Francis Le Goff, le directeur de la course. La plupart des bateaux vont retrouver l'équateur et le Pot-au-Noir, ce qui nous démarque des autres courses transatlantiques."
Mais pas de quoi effrayer Antoine Cornic et Jean-Charles Luro qui ont beaucoup navigué ensemble en vue de cette épreuve, en faux solo comme en faux duo : "Jean-Charles est le boat captain et mon référent à terre quand je suis en mer en solitaire, souligne le skipper rétais. Il connaît le bateau aussi bien que moi. Quand je lui fais part de quelque chose, il sait tout de suite de quoi je lui parle."
"Plus vite et plus fort sur le bateau"
Naviguer en double, c'est aussi confronter ses points de vue sur la météo, le cap à suivre, la stratégie à adopter. Et cela permet de pousser les limites du bateau : "On a une approche et une évolution différentes, témoigne Antoine Cornic. Cela permet d'aller plus vite et plus fort sur le bateau, de mieux le connaître car on a des réflexions à deux. Quand on est seul, on hésite parfois un peu plus."
Pour autant, les deux marins devraient rester prudents. Pas question de casser l'Imoca à quelques mois du Vendée Globe, pour lequel le Rétais tient absolument à se qualifier : "Est-ce qu'on sortira la boîte à outils sur la Jacques-Vabre ? Il y a 90 % de chances que oui. Mais la sortir pour un problème que l'on n'aurait pas anticipé, cela veut dire qu'on aurait fauté." L'objectif sera pour eux d'arriver à Fort-de-France et de marquer des points en vue de la qualification pour le Vendée Globe.
Départs de la course à suivre en direct à partir de 12 h 55 sur France 3.
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