En quelques semaines, le paysage local est passé de rivières asséchées et champs brûlés par le soleil à des cours d'eau qui débordent et des prés transformés en étang. Signe que la Boutonne, l'Antenne et leurs affluents sont sortis de leurs lits. Par ricochet, Vigiecrue a placé ces deux bassins en vigilance orange crue. La Charente, de son côté, est en vigilance jaune.
Cote de 10,67 mètres à Saint-Jean-d'Angély
Dans un grondement sourd, la Boutonne s'engouffre sous le pont Saint-Jacques, à Saint-Jean-d'Angély. La rivière est bel et bien en crue. Mercredi 8 novembre, elle a atteint la cote de 10,67 mètres sur ce repère de crue
Mercredi 8 novembre, la Boutonne a atteint la cote de 10,67 mètres - Kevin Le Gouguec
"La Boutonne et la plupart de ses affluents sont à niveau constant, du fait d'une légère accalmie depuis mardi. Mais, le risque est encore là", commente Frédéric Emard, président du Syndicat en charge de la Boutonne (Symbo). Depuis le début de cette crue, les communes de Saint-Jean-d'Angély et de Saint-Julien-de-l'Escap ont déclenché leurs plans communaux de sauvegarde.
"Je n'avais jamais vu ça"
De leur côté, l'Antenne et ses affluents sont eux aussi sortis de leur lit. "D'habitude, le Briou et la Rouzille sont deux petits cours d'eau. Là, ils ont débordé largement. Depuis une vingtaine d'années que je travaille ici, je n'avais jamais vu ça", raconte Alice Perron, directrice du Syndicat s'occupant de ce bassin-versant, l'EPAGE Symba. Au point de repère à Prignac, le niveau de l'Antenne se trouve à 2,05 mètres, mercredi 8 novembre. "La rivière se trouve actuellement sur un plateau, elle reste stable", précise Baptiste Sirot, directeur de l'EPTB Charente.
"En aval de la Charente, le niveau monte lentement. Nous ne sommes pas arrivés au plateau car la crue en amont de la Charente se propage encore", poursuit-il. Cette portion du fleuve traverse Saint-Savinien et Chaniers. Au point de repère situé au Beillant, elle a atteint les 5,8 mètres.
L'équivalent de 3 mois de pluie
Derrière ces crues, il y a bien entendu les importantes précipitations de ces derniers jours. "Depuis le 18 octobre, plus de 350 millimètres de pluie sont tombés", témoigne Frédéric Emard. "En 3 semaines, il est tombé l'équivalent cumulé des mois d'octobre, novembre et décembre classique", appuie Baptiste Sirot. Dès lors, les sols sont saturés. "Comme l'eau ne peut pas être absorbée, elle ruisselle", poursuit-il. "Nous avons aussi un phénomène de remontée des nappes phréatiques", renchérit Alice Perron.
Des routes et chemins restent impraticables - Kevin Le Gouguec
À cela, s'ajoutent les répercussions indirectes de la tempête Domingos qui a soufflé sur la Charente-Maritime, dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 novembre. "Des arbres sont tombés dans des cours d'eaux. Des branches viennent boucher les passages de pont ou les écluses", explique Frédéric Emard.
Quoi qu'il en soit, tous s'attendent à ce que cette crue dure encore. "Il n'y aura pas de réelles décrues tant que nous n'aurons pas un temps sec sur plusieurs jours", explique Baptiste Sirot. "Toute pluviométrie peut faire remonter les cours d'eaux à la hausse", confirme le responsable du Symbo. Il conclut : "Nous restons vigilants au moins jusqu'à dimanche."
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