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École. Le grand malaise des enseignants en Charente-Maritime

Actualités​. Le syndicat FSU-SNUipp de Charente-Maritime tire la sonnette d'alarme et dénonce des conditions de travail dégradées dans les écoles, entraînant souffrances et renoncements. Une alerte sociale a été lancée.

École. Le grand malaise des enseignants en Charente-Maritime
Parmi les craintes du syndicat FSU-SNUipp 17, la crise des vocations chez les enseignants - Photo d'illustration - © Archives L'Hebdo 17

Violences, surcharge de travail, souffrance à l'école... Le mal-être est profond chez les enseignants du premier degré. "Le point de rupture est atteint" selon le syndicat FSU-SNUipp de Charente-Maritime qui vient de lancer, comme dans de très nombreux départements français, une alerte sociale préalable à un dépôt de préavis de grève.

Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye, Gabriel Attal... Alors que les pensionnaires de la rue de Grenelle défilent et que les réformes s'enchaînent, rien n'y fait. Le malaise est réel et "les conditions de travail des enseignants et des AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap, N.D.L.R.) se sont profondément dégradées" au fil des années déplore le syndicat. "Il y a des souffrances importantes par rapport aux nombreuses injonctions qui arrivent du ministère sans jamais qu'on soit consulté en amont, sans jamais tenir compte du temps de travail et du temps de classe", constate Nathalie Maillet, co-secrétaire départementale du FSU-SNUipp 17 aux côtés de Béatrice Lecomte.

"Le travail n'est plus le même"

La baisse des effectifs enregistrée l'an passé dans le département (700 élèves en moins), aurait pu être un rayon de soleil dans cette grisaille ambiante. "C'était le moment d'en profiter pour faire baisser les effectifs dans les classes. Certes, ça a été le cas, sauf que le travail n'est plus le même", estime la syndicaliste. Cette dernière fait notamment référence à l'école inclusive, c'est-à-dire l'accueil des enfants en situation de handicap dans les classes. "Ça, ils ne le prennent pas en compte", indique Nathalie Maillet.

Gabriel Attal a été nommé à l'Éducation nationale en juillet dernier en remplacement de Pap NdiayeGabriel Attal a été nommé à l'Éducation nationale en juillet dernier en remplacement de Pap Ndiaye - © Selbymay - Wikimedia commons

Les professeurs des écoles sont souvent démunis face à des situations complexes d'enfants problématiques, avec des comportements parfois compliqués. "Ils sont en souffrance car ils n'arrivent pas à aider les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, et qu'ils sont obligés de gérer l'urgence dans la classe, des crises, de la violence entre enfant...", énumère-t-elle, avant de pointer du doigt un "gros déficit" sur la formation dans le domaine. "Le ministre impose qu'on soit formé encore et encore en maths et en français et ça bloque toute la formation continue", s'indigne Nathalie Maillet, qui rappelle au passage le manque de place dans les établissements médico-sociaux du département.

Une institution apathique

Autre problématique pointée du doigt, les remplacements. Sujet qui a récemment été évoqué avec le directeur académique des services de l'Éducation nationale : "Quand il n'y a pas de remplaçant, on répartit les élèves dans les classes donc forcément ça augmente les effectifs." Face à ces constats, "l'institution ne répond pas ou alors avec des réponses qui sont très laconiques", souligne amèrement la co-secrétaire départementale qui craint une crise des vocations chez les jeunes étudiants. "Ils savent non seulement que c'est compliqué, mais en plus que c'est mal rémunéré. Les primes et les petites augmentations accordées aussi bien aux professeurs qu'aux AESH à cette rentrée ne couvrent pas les pertes de pouvoir d'achat qu'on subit depuis plusieurs années."

Le syndicat enseignant déplore également un désengagement des familles dans l'éducation de leurs enfants : "On voit par exemple une déperdition du nombre de parents qui viennent aux réunions de rentrée, c'est impressionnant", constate Nathalie Maillet, qui évoque des comportements agressifs de la part de certains parents. Autant de raisons qui poussent le syndicat à réclamer "un sursaut du ministère", alors que Gabriel Attal promeut son "choc des savoirs".

 

AVEC GABRIEL ATTAL, "ON RETOURNE À L'ÉCOLE À L'ANCIENNE"

Mardi 5 décembre, quelques heures après la publication par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) des conclusions de son rapport Pisa, le ministre de l'Éducation nationale a pris la parole pour annoncer les grandes lignes de son "choc des savoirs". Le ministre nommé en juillet dernier a indiqué qu'il ne s'agira pas d'une "énième réforme" mais a promis une "ambition très forte pour l'école, sans aucun tabou".

Il a ainsi fixé un objectif : "Élever le niveau" ; une feuille de route : "Le choc des savoirs" ; et une boussole : "La science et le bon sens". Autant d'éléments qui, selon lui, doivent se décliner "à chaque niveau de la vie des élèves : école, collège et lycée". Et Gabriel Attal d'annoncer un "avant et un après" pour chaque jeune. Parmi les annonces faites ce mardi 5 décembre, la refonte des programmes dès la rentrée 2024 pour les CP, CE1 et CE2. Une refonte basée sur "la clarté, l'exigence, la science et la culture générale".

Gabriel Attal espère ainsi un véritable "électrochoc". Des annonces tout de suite court-circuitées par le syndicat FSU-SNUipp 17 qui avait reçu, comme tous les enseignants, une lettre du ministre dans la matinée. Sur les programmes, l'organisation syndicale ne se berce pas d'illusion : "On s'attend à ce que ce soit complètement incohérent par rapport à ce qu'on est capable de faire aujourd'hui avec nos élèves."

Quant au sujet du redoublement, la crispation est tout aussi importante : "On en arrive à un ministre qui nous parle de redoublement, c'est complètement aberrant ! Il remonte des siècles en arrière et on est offusqué par ce genre de discours qui n'a rien à voir avec la réalité et les besoins des enfants, estime Nathalie Maillet, co-secrétaire départementale du FSU-SNUipp 17. Le redoublement, c'est un gros mot pour nous. On retourne à l'école à l'ancienne, avec une société qui évolue pourtant si vite."

On l'aura compris, le nouveau ministre n'est pas en odeur de sainteté du côté du syndicat. "On avait l'habitude avec Blanquer, car on a quand même beaucoup souffert avec lui, et là Gabriel Attal n'arrête pas de faire des annonces. On ne se faisait pas trop d'illusion, mais on tombe quand même de haut", commente la syndicaliste.

Autre sujet de crispation, la lutte contre le harcèlement scolaire. "Le problème, c'est qu'en mettant ça en avant, on a construit d'autres difficultés", estime le syndicat. Dans son viseur, les plaintes abusives des parents : "Les inspecteurs sont aujourd'hui obligés de trier les différentes alertes, qui sont de plus en plus nombreuses alors que dans le 1er degré, c'est souvent de simples disputes entre enfants. Ça devient un peu du n'importe quoi."

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