Vendredi 12 janvier, la salle des fêtes de Cram-Chaban était comble. Près de 200 personnes, habitants du village, de La Laigne et de la Grève-sur-Mignon principalement, étaient venus à la rencontre des sismologues nantais qui ont étudié le séisme qui a ravagé ces villages le 16 juin 2023. Ils travaillent à l'Observatoire des Sciences de l'Univers Nantes Atlantique (OSUNA), principalement au laboratoire de planétologie et géosciences.
Une intensité de 7 sur une échelle de 12
"Nous étions les premiers sur place", a précisé Éric Beucler, directeur de l'OSUNA. Et à juste cause puisque les scientifiques ont investi le terrain dès le lendemain de la catastrophe avant d'être notamment rejoints par des collègues d'Alsace venus étudier l'intensité du séisme dans les villages touchés.
Car attention, l'intensité et la magnitude sont deux choses différentes. L'intensité est liée à l'effet des secousses en tenant compte des dégâts, du ressenti des habitants... Elle a été de 7 (sur une échelle de 12 maximum) à La Laigne et Cram-Chaban, et de 6 dans le reste de la Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres. "Les témoignages nous permettent de dire que le séisme a été ressenti en région parisienne, en Alsace, en PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur, N.D.L.R.) ou encore dans le Massif central."
Alors que la magnitude correspond à l'énergie qui est libérée par la rupture de faille à l'origine des secousses. La magnitude locale (Ml) a été de 5,3 - enregistrée par les stations sismologiques les plus proches - et la magnitude du moment de 4,9 (Mw), la seconde fournissant une donnée plus précise de l'énergie libérée par le séisme.
Pour étudier ce phénomène sismique, de nombreux instruments ont été déployés sur le terrain. D'une autonomie de cinq jours, ils ont été remplacés par une trentaine de stations dont cinq post-sismiques télémétrées pour avoir les informations en direct. "Les collègues de Strasbourg ont déployé 88 stations afin d'avoir une imagerie de l'intérieur de la terre sur cette zone pour connaître le sous-sol."
Une soixantaine de répliques le lendemain
Et cette zone définie se situe finalement entre Sainte-Gemme, hameau de Cram-Chaban, et la Chevalerie, hameau de Saint-Pierre-d'Amilly. C'est là que la faille, inconnue des scientifiques, s'est rompue sur une surface de 5 km2 à une profondeur de 5 km avec plus ou moins 2 km d'incertitude et dans une direction Nord-Sud. "Le séisme a été fortement ressenti car il était peu profond."
Près de 600 répliques ont été enregistrées en quatre mois de recherches : "Elles étaient majoritairement de faible magnitude." Sauf celle de la nuit du 16 au 17 juin : "Elle m'a réveillée à Nantes, donc elle était très forte", confie Clément Perrin, l'un des sismologues présents.
Ainsi, à J + 1, une soixantaine de répliques d'intensités différentes ont été enregistrées, pour tomber à une dizaine les jours suivant, puis à une tous les 15 jours au bout de quatre mois. "Nous sommes revenus au niveau normal de sismicité ", précisent les scientifiques puisque environ 50 % des répliques ont eu lieu les trois premiers jours.
Dossier complet à retrouver dans notre édition du jeudi 18 janvier 2024.
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