Il est 9h tapantes ce mardi 11 juin et le klaxon du camion épicerie “Lokalité” de Cédric Bretagne se fait entendre dans la rue principale du Gué-d'Alleré. Il ne suffit que de quelques minutes au quinquagénaire pour s'installer dans la plus parfaite autonomie énergétique devant la mairie du village.
Le rideau de son camion à peine ouvert, la première cliente se présente. "Les produits sont de qualité et pas plus chers qu'ailleurs, voire moins chers que dans la grande distribution. C'est très bien achalandé. J'y prends même ma viande et mon poisson", explique Agnès, une habitante du Gué-d'Alleré qui vient y faire ses courses tous les mardis. Tout est parfaitement rangé, millimétré et tiré au cordeau dans cette boutique ambulante. Entre produits frais et produits secs, plus de 600 références se côtoient issues de 30 producteurs uniquement locaux.
150 villages sans épicerie
Trois ans en arrière, en septembre 2021, le quinquagénaire qui se remet d'un burn-out tire sur une carte un trait qui va de Marennes-Hiers-Brouage à Neuvicq-le-Château : "J'avais envie de me rapprocher de la terre. Au nord de cette ligne j'ai dénombré 150 villages qui n'avaient plus d'épicerie ou qui allait fermer."
Cédric Bretagne établit alors huit tournées : "Mais il n'y a que cinq jours par semaine pour les faire." L'épicier ne retient que 94 villages et part à la rencontre des maires. Au final, 38 communes seront sélectionnées. "Dans certaines, je suis sur des emplacements publics. La plupart des mairies ne me font pas payer de droit de place. Dans d'autres, je suis sur des emplacements privés. Il m'arrive de faire du porte à porte", confie le quinquagénaire.
Aucune taxe à payer au Gué-d'Alleré, commune d'à peine 1 000 habitants, et surtout un accueil à bras ouverts par le maire du village, Sylvain Augeraud : " Une taxe pour gagner quoi ? Alors qu'avec son épicerie ambulante, Cédric Bretagne amène de la vie dans le village. Il crée du lien social et de proximité."
Uby, cocker spaniel est de toutes les tournées ! - © Yannick Picard (CLP)
Ce très cher lien social voué à la disparition dans ces communes pour certaines exsangues de commerces de proximité. " Nous n'avons plus ni bistrot, ni licence. J'aimerais pouvoir en récupérer une. Ne serait-ce que pour ouvrir un bistrot associatif", poursuit le maire du Gué-d'Alleré.
Une fois par mois, la tournée de l'épicier ambulant fait étape dans deux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). "Dans celui des Champs du noyer, à Saint-Sauveur-d'Aunis, un résident me prend à chaque passage un camembert fermier au lait cru et du chorizo tranché. Autrement, ce sont des gâteaux, des confiseries et des produits d'hygiène. Les deux Ehpad m'envoient les commandes de leurs résidents à l'avance", explique l'épicier ambulant.
Chaque jour qui passe, Cédric Bretagne remet l'ouvrage sur le métier : " Je fais entre 500 et 600 kilomètres par semaine. Une vie d'épicier ambulant, c'est debout tous les matins à 4 h 45 et retour à la maison à 19 h 30. Une journée d'épicier, c'est chaud ! J'étudie pour modifier mes tournées, en septembre 2024 peut-être..."
Vers une semi-sédentarité
D'ici là, le camion de l'épicier ambulant devrait connaître des évolutions : " J'aimerais pouvoir travailler des produits à trancher." Parmi eux, Cédric Bretagne évoque le fromage ou bien encore le pain à l'ancienne servi à la coupe.
Le quinquagénaire, qui se dit pleinement satisfait de son activité trois ans après l'avoir lancé, pense également à se semi-sédentariser : " D'ici cinq ans, pourquoi ne pas ouvrir une épicerie en dur. Ça me permettrait d'avoir un garage pour le camion et un local de stockage pour les produits. Je continuerai les tournées le matin et serai à l'épicerie l'après-midi ". En attendant, il est 9 h 30, Cédric Bretagne doit tenir ses horaires. Il repart en direction d'Anais.
Contact au 07 86 75 22 68 ou par mail à lokalite17@gmail.com
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.