Il est 13h30 ce 30 octobre 2023. Thomas est aide-soignant. Ce grand gaillard de 130 kg roule sur sa moto, phares allumés sur la route de Saint-Pierre-la-Noue en direction de Rochefort pour se rendre au chevet d'une personne âgée.
Le prévenu âgé de 92 ans se rendait au cimetière de Saint-Pierre-la-Noue, pour fleurir la tombe de son épouse : "Au cédez le passage, j'ai regardé à gauche puis à droite. J'ai vu une voiture arriver au loin. Je me suis engagé. Je n'ai pas re-regarder à gauche. Je n'ai pas vu la moto qui arrivait. J'ai été opéré des deux yeux. Je vois pourtant très bien."
Thomas n'a pas le temps de freiner. "Il a été éjecté à 20 mètres du point d'impact. Sa moto a été pliée en deux. Son corps était méconnaissable", précise Me Claire Paget, l'avocate de la famille de la victime, ce 27 juin au tribunal judiciaire de La Rochelle. Ce dernier est décédé durant son transfert en hélicoptère vers l'hôpital de Poitiers.
"Vous avez à juger votre grand-père"
Ni lui, ni le nonagénaire ne conduisaient sous l'emprise de l'alcool ou des stupéfiants. La partie civile emmène alors les débats sur les risques de la conduite automobile chez les personnes âgées. "Je n'ai aucun problème de santé. Mon médecin ne m'avait jamais interdit de conduire", assure le prévenu. Jusqu'alors, le conducteur était inconnu de la justice. Il avait tous ses points sur son permis. "Ce n'est pas un monstre. Il conduisait 10.000 kilomètres par an. Ça reste une faute d'inattention, d'imprudence. Une faute que tout un chacun pourrait commettre. Vous avez à juger votre grand-père", soutient l'avocat du prévenu.
La mère de la victime montre un portrait de son fils au tribunal : "On était complices, heureux. C'est très dur. Il était très prudent et c'est lui qui s'en va." "Nous étions très soudés. Il était le pilier de la famille", poursuit la sœur.
Le ministère public rappelle que la faute est bien caractérisée, même si elle n'était pas intentionnelle : "Il s'agit d'un homicide involontaire. Le prévenu n'a pas voulu ce qu'il s'est passé." L'annulation automatique du permis de conduire du nonagénaire ainsi qu'une "peine symbolique" de 30 mois de prison entièrement assortie d'un sursis simple sont requises par la procureur de la République. Le tribunal a constaté l'annulation du permis de conduire du prévenu avec une interdiction de le repasser avant cinq ans. Il a également prononcé une peine de 12 mois de prison avec sursis à son encontre.
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