Le 7 novembre 2023 en fin d'après-midi, le soleil est rasant rue du Moulin-Vendome à Lagord. Le prévenu, âgé de 78 ans et jusqu'alors inconnu de la justice, est au volant de son véhicule. Olga, une Ukrainienne âgée de 50 ans et arrivée en France en 2021, traverse la rue. Le septuagénaire la percute sur un passage piéton sous les yeux de trois lycéens qui attendaient à un arrêt de bus. Le corps de la victime rebondit sur le capot, puis tombe sur la route alors que le conducteur venait de freiner. Il redémarre et roule sur le corps d'Olga. "Elle est morte par asphyxie. Les roues avant ne touchaient même plus la route", tempête Me Victor Domingues, l'avocat du fils de la victime. Olga, dont le pronostic vital est engagé est héliportée vers le CHU de Poitiers. Elle y décédera dix jours plus tard. Malgré l'évidence et les témoignages des trois lycéens, le septuagénaire n'en démord pas : "Il n'y avait pas de passage pour piétons et la victime venait de la droite alors que les témoins disent qu'elle venait de la gauche."
"Les explications du prévenu me gênent"
Le conducteur ne conteste pas avoir percuté Olga, mais il nie avoir redémarré et met en cause la présence d'un abribus. Une posture qui a le don d'agacer l'avocat de la partie civile : "C'était la faute de la victime. Elle s'est jetée sous ses roues. Nous n'avons aucun doute sur le fait qu'il s'agit d'un accident. Mais pourquoi ne dit-il pas que c'est à cause du soleil rasant ?" Il en est de même pour le ministère public. "Les explications du prévenu me gênent. Comme s'il voulait se défausser. Ça ne témoigne pas d'une grande empathie. Ça ne me rassure pas de le voir au volant", rapporte la procureure de la République, Soraya Arhas.
Depuis l'accident, le septuagénaire a pu reconduire. Une commission médicale préfectorale lui a redonné en février 2024 l'autorisation de reprendre le volant. La défense ne conteste pas l'homicide involontaire, mais elle tente de sauver le permis de conduire de son client dont l'annulation est automatique lors d'un homicide involontaire : "Annuler son permis de conduire revient à une élimination sociale."
Le septuagénaire a été condamné à 18 mois de prison avec sursis simple. Le tribunal a constaté l'annulation de son permis de conduire avec une interdiction de le repasser avant deux. Il a également demandé la confiscation du véhicule.
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