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Surgères. Du drame de Saint-Mard au combat de la butte de Barabin, une libération dans la douleur

Actualités​. Il y a 80 ans, le 6 septembre 1944, Surgères était libérée du joug allemand après quatre années d'occupation. Retour sur les moments clés de cette journée historique.

Surgères. Du drame de Saint-Mard au combat de la butte de Barabin, une libération dans la douleur
Stèle à la mémoire des cinq résistants du Maquis de Bir Hacheim morts au combat le 6 septembre 1944 - © A.L. / Archives / Fonds Matifas

6 septembre 1944, 11h(1). Saint-Mard, carrefour de la laiterie, route de Surgères

Les quelques gouttes de pluie matinales ont laissé la place à un soleil franc. Depuis le début de la journée, c'est l'effervescence dans le village. De nombreux maquisards, en provenance de Saint-Jean-d'Angély, sont attendus pour libérer Surgères. Les villageois, dont de nombreuses femmes - les hommes sont aux battages - se massent sur les bords des routes et chemins pour les accueillir. Plusieurs véhicules sont stationnés près de la laiterie.

Stèle en hommage aux victimes du drame de Saint-Mard, le 6 septembre 1944Stèle en hommage aux victimes du drame de Saint-Mard, le 6 septembre 1944 - © Amaury Legrand

Certains appartiennent au Maquis AS 18 Bir-Hacheim. Dans la cohue, un maquisard frappe accidentellement la crosse de son bazooka - ou lance-torpille - sur le sol. Sitôt, une munition s'envole et explose à proximité d'un groupe de badauds venu acclamer les libérateurs. C'est un carnage. Ce drame fera finalement 14 victimes, majoritairement des fillettes et des femmes : Emma Oullereau, Claire Paillat, Germaine Raffin, Eugénie Raoult, Suzanne Sicot, Lisette Sicot, Georges Lafont, Germaine Boudruche, France Dechamps, Michèle Dechamps, Gilette Fourneau, Alida Garcin, Marie Gauffreteau, Marie Hervé.

6 septembre 1944, peu après 11h. Surgères, Faubourg Saint-Gilles

Alors qu'un drame s'est noué à Saint-Mard, une seconde colonne FFI entre dans Surgères. Bien que la ville ait été désertée par les Allemands depuis trois jours, la présence de l'occupant aux alentours fait régner un climat pesant. C'est un cortège bigarré qui prend la direction de la rue de l'hôtel de Ville (actuelle avenue de la Libération) en direction du château puis de la mairie (actuelle Poste). D'abord timide, la foule se fait plus nombreuse et la liesse l'emporte.

Les Surgériens acclament leurs jeunes libérateurs, notamment rue Audry-de-Puyravault où les drapeaux tricolores fleurissent aux fenêtres. Les cloches de Notre-Dame sonnent, l'étendard "Bleu, Blanc, Rouge" flotte sur les remparts. Des patrouilles s'organisent alors depuis la place du château et les maquisards prennent position sur les axes principaux en direction de La Rochelle, Rochefort et Niort afin de sécuriser la ville libérée.

6 septembre 1944, 11h30. Combats rue de Marans, à Surgères

Alors qu'une vingtaine de FFI remontent la rue de Marans, un véhicule civil avec trois soldats allemands arrive depuis la route de Vouhé. L'information est parvenue aux maquisards par téléphone depuis Puyravault. L'accrochage est inévitable. Une rafale de mitraillette est tirée en direction des FFI qui ripostent à leur tour.

Dans la fusillade, le chauffeur allemand est sévèrement touché à la tête et laissé pour mort. Les deux autres soldats détalent en tirant des salves de munitions. Ils traversent des jardins qui donnent sur la rue Marguerite et ne seront pas repris. Dans cet accrochage, le sergent Gaston Grenet, chef de section, est gravement blessé. Il décède deux jours plus tard.

6 septembre 1944, 16h. Butte de Barabin, Surgères

Depuis quelques heures, une dizaine de maquisards a pris possession de ce lieu stratégique, qui domine la ville et permet de surveiller à longue distance la route de La Rochelle. La position est sécurisée avec un canon de 25 mm. Les hommes sont disséminés dans l'épaisse végétation. Vers 16h arrive une colonne de camions civils. Le doute s'installe. Est-ce des Allemands ? Est-ce des FTP ? Le convoi arrive presque à hauteur des maquisards.

Le doute n'est plus possible : "Merde, les Boches !" Les armes crachent des rafales, les grenades pleuvent. Le combat est acharné. Les Allemands sont positionnés derrière les trois camions qui forment un barrage sur la chaussée. Ils sont plus nombreux, les FFI sont dépassés. Par chance, après 20 ou 30 minutes de fusillade, les occupants se retirent. Cinq maquisards sont morts au combat : Eugène Darenlot, 33 ans ; René Deville, 18 ans ; Roger Thibaut, 19 ans ; Émile Moreau, 20 ans ; et un dénommé Lombardeau.

(1) Les horaires varient selon les témoignages. Les différents rapports officiels mentionnent tous l'horaire de 11h.

Source : "Septembre 44, Surgères : la Libération", Gérard Desprez, 1995. Cet article est une synthèse des événements du 6 septembre 1944, relatés dans l'ouvrage de Gérard Desprez et basés sur des témoignages.

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