Depuis février 2021, l'entreprise Créateur de forêt, basée à Niort, propose aux collectivités de transformer des terrains abandonnés en espace boisés afin de les embellir et de créer des espaces favorables à la faune et à la flore locales. Le concept repose sur un avantage majeur pour les communes qui ne déboursent pas le moindre centime puisque la société se charge de trouver des contributeurs par le biais d'un financement participatif.
Les municipalités qui souhaitent en bénéficier doivent tout de même s'engager à signer une obligation environnementale, qui implique de ne pas vendre la parcelle durant 99 ans. Une idée originale qui a séduit la Ville de Saint-Jean-d'Angély et plus précisément Fabien Blanchet. Dès 2021, le conseiller municipal délégué au développement durable a sollicité Créateur de forêt dans le but de reboiser le vallon de l'Aumônerie, situé en face de la zone commerciale.
Premières plantations en janvier 2025
Le projet, validé en juin 2023 par les élus municipaux, consistait à la plantation de 1.000 arbres - de 22 variétés différentes - et de 500 arbustes sur l'ensemble du terrain d'une superficie de 21.000 m2. L'aménagement d'une mare, de deux chemins pédestres, d'un parcours de cyclo-cross (destiné aux compétitions de l'UVA) et différents habitats en pierres (notamment pour les serpents et les lézards) devaient y être effectués.
Le début de la plantation était envisagé pour décembre 2024. Tout semblait donc aligné mais un imprévu pour le moins inattendu est venu perturber l'idée originelle. "Il y a quelques mois, l'association Nature environnement 17 nous a fait part de ses inquiétudes concernant la possible présence de l'Azuré du serpolet, une espèce de papillon protégée", raconte Baptiste Trény, le cofondateur de Créateur de forêt. Observé et répertorié sur le secteur il y a 20 ans, rien ne semblait indiqué que le vallon de l'Aumônerie pouvait encore en abriter. "Nous n'en avions pas vu l'hiver dernier lorsque nous nous y sommes rendus", assure le chef d'entreprise.
"Au bout de dix minutes, nous avons réussi à en trouver"
Un nouveau repérage a été organisé le 3 juillet dernier et il n'aura pas fallu, cette fois-ci, bien longtemps pour constater que le papillon était toujours là. "Au bout de dix minutes, nous avons réussi à en trouver. À partir de là, on a su qu'il allait falloir totalement revoir nos plans", explique le Niortais. L'Azuré du serpolet, que l'on distingue par sa couleur bleutée, est menacé par la disparition de son habitat, et classé " en danger " sur la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la conservation de la nature) en Europe. Plus question, donc, de planter un boisement qui ne conviendrait pas du tout à cette espèce évoluant dans les clairières et les lieux herbus secs.
L'Azuré du serpolet est reconnaissable à sa couleur bleutée - © B.T.
Ainsi, l'ensemble du projet, désormais articulé autour du papillon et de sa préservation, va prendre la forme d'une prairie sèche. "Ce qui devait être le bosquet de l'Aumônerie devient le coteau de l'Aumônerie", résume Baptiste Trény. Une haie champêtre sera plantée en bordure de parcelle pour fournir des lieux de repos aux azurés adultes, et devrait sécuriser leurs déplacements près de la route. D'autres arbustes seront plantés aux abords des chemins pédestres afin de délimiter les espaces de passage des riverains et l'habitat de l'Azuré. Par ailleurs, deux fauchages par an seront réalisés à partir de 2025, ce pour lui garantir les meilleures conditions de vie.
Une redéfinition importante qui ne pose pas de problème à Baptiste Trény, bien au contraire. "Cette expérience nous a beaucoup appris. Notre objectif n'est pas de planter le plus d'arbres possible mais bien de créer des espaces adaptés à la biodiversité. L'idée, c'est aussi d'embarquer la commune pour 99 ans car rien ne nous dit que dans quelques années, le terrain ne sera pas utilisé à de tout autres fins", affirme le chef d'entreprise.
Réunion publique le 17 octobre
Un défi d'autant plus motivant que d'autres espèces protégées ont été répertoriées à proximité : l'Ascalaphe ambré, un insecte de la famille des névroptères, et deux types d'oiseaux, le moineau soulcie et la pie-grièche.
Les premières plantations auront lieu du 6 au 9 janvier 2025. Un projet qui devra encore trouver des financements puisque les dons récoltés depuis octobre 2023 ne couvrent, pour l'heure, que 31 % du montant espéré. "Il nous manque actuellement 84 000 euros, explique le fondateur de Créateur de forêt. Le nouveau projet ne coûte pas moins cher que le précédent puisqu'il faut notamment financer les opérations de fauchage", complète-t-il. Afin de trouver des partenaires, une réunion publique d'information sera organisée par la Ville jeudi 17 octobre à 18 heures dans le salon d'honneur de l'hôtel de ville.
Don à partir de 6 € par mois pour 1 m2. Pour participer au financement, se rendre sur le site createurdeforet.fr
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