Il aura fallu attendre la fin de l'audience correctionnelle du 3 décembre au tribunal judiciaire de La Rochelle, et l'incitation de son avocate pour que Véronique, accusée d'abus de confiance, se laisse aller à quelques explications : "À l'époque, j'étais dépendante au casino. J'y allais avec une de mes sœurs et ma mère. Je jouais entre 200 et 300 euros par semaine. J'ai arrêté en 2021. Et après, il a fallu que j'éponge mes dettes".
Pour ce faire, elle décide de ponctionner de l'argent sur le compte bancaire de sa propre mère, entre jalousie et conflit familial. "Je m'étais rendu compte que ma mère faisait régulièrement des chèques à une autre de mes sœurs pour l'aider notamment à payer son loyer", explique la prévenue. Elle précise également que des difficultés étaient survenues au sein de la famille lors de la succession de son père. "Ma mère aidait beaucoup plus mes deux sœurs que moi", poursuit Véronique. Elle fait alors signer à sa mère une procuration sur ses comptes bancaires. Cinq ans plus tard, en mai 2023, l'affaire éclate lorsqu'une des sœurs de Véronique s'aperçoit de la tromperie et porte plainte.
"Je ne me souviens pas avoir signé"
Assise sur le banc des parties civiles, la mère de famille conteste : "Je ne me souviens pas avoir signé". La quinquagénaire, elle, assure être venue en aide à cette dernière : "Je l'aidais pour faire ses courses et offrir des cadeaux de Noël aux membres de la famille". Une version que n'entend pas le tribunal : "Oui, mais avec son argent". Sur la période de prévention, ce sont au total 121 virements réalisés par Véronique du compte de sa mère vers les siens.
"Elle m'a volé tout mon argent. [...]. Aujourd'hui, je n'ai plus de contact avec ma fille et je ne souhaite plus en avoir. Je lui faisais confiance, comme à mes autres filles d'ailleurs", explique la victime. Pour le ministère public, l'affaire est claire, c'est un abus de confiance : "Vous vous êtes servie de votre mère". Pour faire face à ses pertes au casino, la prévenue a pris de l'argent qu'elle pensait lui être due. Le dossier est compliqué, comme le rappelle la partie civile. "Aujourd'hui, la famille est divisée. Les explications de la victime n'ont aucun sens. Elle s'est rendu compte du vol lorsque son compte était à zéro ", développe la partie civile qui réclame que les 37.800 euros soient restitués à sa cliente.
Une peine de prison avec sursis compris entre trois et six mois est requise à l'encontre de la Rochefortaise. La défense plaide la relaxe : "Les trois sœurs et la mère allaient ensemble jouer au casino. Une des sœurs de ma cliente avait une emprise sur sa mère, d'où la plainte. C'est la parole de l'une contre celle de l'autre". " Avant, nous étions une famille unie ", regrette la prévenue. Celle-ci a été condamnée à trois mois de prison avec sursis. Elle devra également rembourser sa mère.
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