Le busard cendré est un véritable allié des agriculteurs. Explications.
C’est au cœur des grandes plaines du marais Labbé que bénévoles, stagiaires et responsables de la LPO, partenaires, représentants du parc du marais poitevin étaient au rendez-vous mercredi 8 juin à la ferme de Philippe Ouvrard située à la cabane des roches. Ce dernier, agriculteur, engagé à titre personnel sur son exploitation autour du busard cendré, a accueilli avec ferveur professionnels et bénévoles passionnés pour échanger autour de la protection du busard cendré. Une mission qui a été mise en place dans le cadre de l’observatoire naturel du marais poitevin.
Protégé depuis 1982 Le busard cendré est une espèce protégée depuis 1982. Une action qui a débuté dans les polders de la baie de l’Aiguillon. On répertorie dans le marais poitevin autour de 80 à 150 nids. Une espèce de 300 grammes qui au retour de sa migration hivernale au Mali et du Sénégal vient se reproduire dans nos grandes zones de plaines céréalières en nichant au sol. « A la fin des années 50, dans le marais de St-Michel-en-l’Herm, on payait à la patte pour l’abattage de ce type de rapaces », expliquait le spécialiste Christian Pacteau. Au-delà du nombre d’idées reçues qui ont mis l’homme sur la liste des prédateurs du busard cendré, le rapace est bien au contraire, dans ces plaines, un des meilleurs alliés des agriculteurs. En effet, son menu favori se compose de campagnols et d’insectes, certains constituant de véritables fléaux pour l’agriculture.
Aujourd’hui, le territoire du marais poitevin joue un rôle majeur d’accueil et de protection de cette espèce. Cela passe par un volume horaire d’observation conséquent mis en place par des bénévoles et quelques spécialistes. Et lorsqu’il y a création d’un nid, le rôle du partenaire, en l’occurrence l’agriculteur est essentiel. Une fois localisé, il faut identifier, suivre et protéger le nid. Il est en effet primordial que les nichées puissent aller jusqu’à leur terme, soit l’envol de 2 poussins, qui garantit le renouvellement de l’espèce et assure sa pérennité dans le temps.
Les bénévoles, stagiaires et professionnels interagissent avec les agriculteurs qui acceptent cette démarche. Car il faut suivre le moment de la ponte, mesurer les ailes des poussins et se coordonner pour que la moissonneuse ne vienne pas emporter le nid. Pour ce faire, plusieurs méthodes sont utilisées comme le bornage, la cage traîneau et en dernier recours le transport des poussins au centre de soins de la faune sauvage à St-Denis-du-Payré.
Tous ces intervenants peuvent, armés de patience et d’amour de la nature, procéder au recensement de ces couples de busards cendrés qui viennent nicher dans la région. Un patrimoine faunistique qu’il est indispensable de protéger, eu égard à sa rareté mais aussi à son rôle de prédateur, dans le bon sens du terme, aux côtés des agriculteurs dans la gestion de leurs parcelles. Un duo gagnant qui met à bas nombre de préjugés : le busard cendré est inoffensif et son observation nécessite à bien des égards que l’on apprécie son savoir-faire. Qu’il s’agisse de la noblesse de la conquête de sa compagne, des règles de fonctionnement autour du nid, de la responsabilité du devenir des oisillons… Au final, une belle leçon de vie où le busard cendré a sa place.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.