Il fallait apporter ses bottes, mercredi 26 mars, à Essouvert. Les membres du Symbo se sont rendus au lieu-dit Les Suires, le long du cours d'eau Pouzat sur la propriété de la famille Martinaud, pour une présentation de leur programme pluriannuel de gestion (PPG) des milieux aquatiques. Le lieu n'a pas été choisi au hasard : "Il y a eu une crue en 1982. Il a fallu curer pour évacuer toute l'eau et monsieur Martinaud avait lui-même mis des cailloux dans l'eau", raconte Frédéric Emard, président du Symbo et maire de Saint-Julien-l'Escap. Aujourd'hui, la recharge granulométrique - permettant de restaurer la régulation hydrologique - est largement démocratisée.
"Nous nous sommes appuyés sur un travail de concertation"
Les PPG sont mis en place pour restaurer les fonctionnalités des cours d'eau et des milieux aquatiques tout en conciliant leur gestion avec les activités humaines et l'adaptation au changement climatique. Ils ont pour objectif d'améliorer la qualité de l'eau en favorisant son pouvoir épurateur, de réduire le réchauffement et l'évaporation excessive des eaux, de renforcer la résistance des milieux aquatiques face aux changements climatiques et d'assurer une alimentation optimale des zones humides. Ces programmes permettent également une meilleure rétention des eaux en période de crues et d'étiages, tout en restaurant la continuité écologique et en diversifiant les habitats du lit mineur. Par ailleurs, ils favorisent le peuplement piscicole et la biodiversité.
"L'élaboration du PPG repose sur une démarche structurée qui a débuté en 2019. Elle s'est articulée autour de plusieurs étapes, à commencer par la réalisation d'un état des lieux et d'un diagnostic partagé. Cette première phase a permis de définir et de hiérarchiser les enjeux ainsi que les objectifs, en s'appuyant sur un travail de concertation", rappelle Frédéric Emard. Par la suite, les différentes phases ont été validées lors de réunions publiques et de présentations en Commission locale de l'eau (CLE). L'élaboration du dossier de déclaration, en vertu de la loi sur l'eau et la Déclaration d'intérêt général (DIG), s'est poursuivie entre 2023 et 2024. En fin d'année 2024, la validation finale a été réalisée en conseil syndical avant la mise en forme des dossiers réglementaires. La mise en œuvre des actions débutera en 2025.
Le programme d'actions prévu dans le cadre du PPG comprend plusieurs volets. Tout d'abord, la gestion et la restauration de la ripisylve (Ndlr : ensemble de la végétation bordant un cours d'eau) seront effectuées par le biais d'un entretien régulier et de nouvelles plantations. "Une attention particulière sera portée à la gestion des embâcles ainsi qu'à l'élimination des espèces exotiques envahissantes, qu'elles soient végétales ou animales, comme les ragondins", précise un membre du Symbo.
Un autre axe majeur concerne la gestion coordonnée des ouvrages, avec la mise en place d'un protocole spécifique de gestion et de suivi des niveaux d'eau. Par ailleurs, des aménagements seront réalisés pour permettre un accès adapté au bétail, avec l'installation de pompes à museau ou solaires, ainsi que la création de descentes et de gués aménagés.
Restauration de 24 sites et effacement de 15 ouvrages
Dans le cadre de la renaturation des cours d'eau, le programme prévoit la restauration de 24 sites sur La Boutonne. Ces actions comprendront la restauration du lit et des berges, la recharge granulométrique et l'aménagement des habitats piscicoles. L'effacement de 15 ouvrages sera également réalisé afin de restaurer la continuité écologique. D'autres projets de restauration spécifiques seront menés sur plusieurs sites. Sur les Rus de Vau et de Vitré, un étang sera supprimé et des frayères seront restaurées. La zone humide de Chizé fera l'objet d'une réhabilitation sur une surface de 6 500 m². Sur le cours d'eau du Roi, à La Jarrie-Audouin, une remise en forme du lit est prévue, accompagnée de la restauration de 5 000 m² de zone humide. Le canal Saint-Eutrope, à Saint-Jean-d'Angély, bénéficiera d'une recharge granulométrique de 650 m³, tandis que le Rénolet et la Trézence, à Puyrolland, connaîtront des interventions similaires avec une recharge granulométrique de plus de 3 000 m³. Enfin, la suppression d'ouvrages sur quatre sites et la restauration des radiers biologiques permettront d'améliorer la continuité écologique des cours d'eau.
Par ailleurs, un programme de rechenalisation sera mis en œuvre sur 13 sites. Cette démarche vise à améliorer la dynamique naturelle des cours d'eau en intervenant sur leur morphologie et en recréant des conditions hydrauliques plus favorables. Afin d'évaluer l'impact de ces actions sur le milieu, le Symbo mettra en place un suivi précis, combinant l'analyse morphologique par photographies et la surveillance des zones restaurées ainsi que des ouvrages supprimés.
Un projet à plus de 7 millions d'euros
L'ensemble de ces interventions représente un coût total de 7 442 200 euros, toutes taxes comprises, dont 5 352 200 euros sont consacrés aux travaux. Ce budget est réparti selon différentes thématiques définies dans la synthèse financière du PPG. Le financement global repose sur un dispositif de subventions, couvrant 74 % du montant total du projet.
Grâce à cette approche structurée et ces financements solidement établis, le PPG du Symbo constitue un projet ambitieux qui garantira une restauration efficace des cours d'eau. Des réunions publiques ont lieu jeudi 10 avril à 18h30 à la salle de la mairie de Puyrolland et lundi 14 avril à 18 h 30 à la Salle du Puits à Périgné (79).
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