Ils sont 33 000 chômeurs* en Charente-Maritime tandis que 10 000 offres d’emploi restent à pourvoir. Explications…
Selon l’Observatoire de l’emploi de Nouvelle-Aquitaine, la Charente-Maritime affiche le deuxième plus gros volume d’intentions d’embauches de la région.
En 2016, 22 493 projets de recrutement ont été formés en Charente-Maritime. Un nombre en baisse de 285 projets par rapport à 2015 mais les secteurs de l’agriculture (+ 572 projets) et du commerce (+ 485 projets) sont, eux, orientés à la hausse. Le taux d’établissements recruteurs (23,4 %) demeure l’un des plus importants de la région malgré une légère baisse sur un an. Et pourtant des centaines de ces offres ne seront pas pourvues. Selon les professionnels, la formation serait en cause.
« Il existe des entreprises qui se développent mais qui demandent de plus en plus de technicité. Or les chômeurs ont souvent des compétences insuffisantes, souffle Élisabeth Chalmet, secrétaire générale de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) de Charente-Maritime. En plus les jeunes ont une mauvaise image de l’industrie – le discours médiatique n’aide pas - et ils manquent de mobilité, parce qu’ils n’ont pas le permis de conduire ».
Manque de filières À Rochefort, STTS, sous-traitante de Stélia, connaît le problème. Elle a recruté 40 personnes au cours de son exercice 2015-2016 et en recherche 30 pour le prochain. Mais « Il n’existe aucune formation de peintre industriel pour l’aéronautique ici. La plus proche est à Niort, indique le directeur, Wilfried Raffeneau. Alors les agences d’intérim font une première sélection puis nous assurons une formation sur place via un système de tutorat. »
Denis Fourrier, qui dirige Sereniseat et fabrique des éléments de fauteuils d’avions, s’est lui « rapproché du lycée professionnel Gilles-Jamain de Rochefort pour créer une filière sellerie qui devrait ouvrir bientôt ». Une solution dont rêve Stéphanie Leclerre, de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Charente-Maritime.
Niveau de rémunération « Quand Pôle emploi lance des formations, elle a peu de candidats, comme l’AFPA de Rochefort. On ne parvient pas à attirer les jeunes qui ont raté le bac. »
Mais la question de la formation n’explique pas tout pour Philippe Binaud, chargé de mission au sein de la direction territoriale de Pôle emploi en Charente-Maritime. « Quel temps a un patron de TPE/PME à consacrer à la formation ? » interroge-t-il, tout en pointant le niveau de rémunération. « Les salaires sont bas en Charente-Maritime. Or on est sur un marché du travail, avec une offre et une demande. Quand c’est loin et payé pas cher, les gens ne veulent pas y aller. » Et bien souvent, ces offres-là se retrouvent en concurrence avec les prestations sociales.
* de catégorie A
[caption id="attachment_4365" align="alignnone" width="630"] Le lycée Gillles-Jamain de Rochefort va organiser une formation spécialisée en sellerie pour l’aviation[/caption]Trois questions à Pôle emploi
Philippe Binaud, chargé de mission au sein de la direction territoriale de Pôle emploi en Charente-Maritime.
Existe-t-il un problème de formation en Charente-Maritime ? Il existe un problème de formation ici comme partout en France. Nous n’avons pas la culture de la formation, notamment dans le cadre d’une transition professionnelle. Pôle emploi accompagne les entreprises pour les inciter à former, mais les services de ressources humaines – quand il y en a –sont peu sensibilisés à ça. Après, il se pose la question de la marge de manœuvre.
Comment cela ? Quand il n’y a pas de délai avant le besoin de recrutement, les entreprises paient plus ou ont recours à la main-d’œuvre étrangère. Quand elles ont le temps, elles forment. Les entreprises qui ont un problème de recrutement n’ont peut-être pas assez anticipé. Mais quel temps a un patron de TPE/PME lorsqu’il a un carnet de commandes à remplir ? En plus le cadre réglementaire change sans arrêt. Ça freine la prise de risque.
La technicité exigée par les entreprises est-elle justifiée ? Oui. L’aéronautique a besoin de personnel très qualifié pour répondre aux commandes. La stratification est un métier dur, technique aussi. En plus les entreprises qui se développent doivent augmenter leur production tout en baissant leurs coûts. Il y a actuellement beaucoup de restructurations dans l’aéronautique pour rester compétitif. D’où aussi des salaires assez bas.
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