En rupture avec le milieu scolaire traditionnel, Charlotte Mondain a opté pour les Maisons Familiales Rurales et les services d’aide à la personne… et elle ne regrette pas son choix.
Il était une fois une jeune fille un peu perdue. « Je venais de redoubler ma 3e, je voulais arrêter mes études… mes parents n’étaient pas d’accord et voulaient que j’aille jusqu’au baccalauréat. » Charlotte Mondain, aiguillée par sa mère, a alors découvert la maison familiale rurale (MFR) de la Jallet à Saint-Denis-du-Pin. Et la jeune élève en situation difficile s’est métamorphosée en étudiante passionnée. « L’alternance, les stages, cela me convenait bien. Je ne supportais pas de rester assise derrière un bureau toute la journée, explique la jeune femme. Les méthodes de travail sont différentes, nos enseignants sont des moniteurs qui partagent avec nous, ils mangent aussi avec nous, le lien se crée rapidement, et puis nous avons tout de suite la possibilité d’appliquer en stage ce que nous avons appris en classe », poursuit Charlotte. « Je n’avais jamais eu d’aussi bonnes notes qu’en MFR », admet la jeune femme.
Une mention et un BTS Relancée, mise en confiance, elle a obtenu son BEPA sans difficultés. La Saintongeaise a ensuite rejoint la MFR de Saint-Genis-de-Saintonge avec dans le viseur : le bac pro. « Je l’ai eu avec une mention assez bien, j’ai raté la mention bien de peu », se souvient Charlotte qui a notamment effectué des stages « dans des établissements hébergeant des personnes en situation de handicap ». Appréciant cet enseignement en alternance (une semaine en classe suivie d’une semaine de stage en milieu professionnel), Charlotte ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. « J’ai voulu tenter le BTS et je l’ai obtenu à la MFR de Cherves-Richemont, mais cette fois, je l’ai eu en étant apprentie… à la MFR de St-Germain-de-Marencennes », raconte celle qui, à 25 ans, travaille maintenant dans une crèche d’entreprise du côté de Toulouse. « Je m’occupe d’enfants âgés de 3 mois à 3 ans et cela me plaît beaucoup ».
Des expériences qui font grandir Son parcours, elle le regarde avec lucidité : « ces diverses expériences m’ont fait grandir et lorsque je cherchais du travail, les employeurs étaient épatés de constater que je connaissais quasiment tous les publics des services d’aide à la personne », raconte l’auxiliaire de soins. Bien dans son époque, Charlotte va prochainement vivre une belle expérience. « Je vais partir avec mon compagnon pendant un an en Australie, nous allons traverser l’île-continent dans un petit camion. Même si nous avons économisé pour réaliser ce rêve, nous avons prévu de faire des petits boulots. Nous allons là-bas pour aussi bien apprendre à parler anglais », conclut Charlotte Mondain, désormais épanouie.
Philippe Brégowy
[caption id="attachment_4386" align="alignnone" width="630"] Valérie Chevalier, directrice de la fédération 17 des MFR (photo DR)[/caption]Un modèle atypique… qui fonctionne
Méconnues, les maisons familiales rurales (MFR) suscitent quelque jalousie. On en dénombre huit en Charente-Maritime. « Nos taux de réussite aux examens se situent tous les ans entre 75 % et 80 % », annonce Valérie Chevalier, directrice de la fédération de Charente-Maritime des MFR. Avec leur fonctionnement atypique (elles dépendent du ministère de l’Agriculture), les MFR attirent de nombreux jeunes.
« Nous en avons cette année 996 qui sont répartis dans huit établissements », poursuit la directrice qui tient à contrer les idées reçues. « Nos moniteurs, c’est ainsi que nous appelons nos enseignants, ont tous un bac + 4 et passent ensuite 3 ans dans notre centre de formation ». Quant aux examens présentés, ce sont les mêmes que ceux de l’Éducation nationale : du brevet des collèges au BTS en passant par le bac pro notamment. Les diplômes acquis en MFR ne sont pas au rabais. L’alternance ? « Il ne s’agit pas d’une école à mi-temps mais d’un temps plein à un rythme approprié », répond Valérie Chevalier.
L’internat, obligatoire pour tous les jeunes, les tâches ménagères que doivent accomplir les jeunes en milieu scolaire ? « Cela contribue à des valeurs qui nous sont chères : la fraternité, le vivre ensemble… » Oui, c’est vrai, les MFR sont « singulières » mais « complémentaires pas concurrentielles de l’Éducation nationale ». Pour les responsables des MFR, le credo c’est d’aller « du concret vers la théorie ».
Pour la directrice : « il ne sert à rien de savoir ce qu’est un pédalier, l’important c’est de savoir faire du vélo ! » Et Valérie Chevalier de conclure : « Comme pour l’auto-école, nos moniteurs ne sont pas là que pour former des jeunes mais bien pour les accompagner ».
Des liens forts avec le Cambodge
Les MFR se déclinent aussi en mode international. La fédération de Charente-Maritime, qui est installée à Saintes, s’est beaucoup investie au Cambodge.
« Trois MFR y ont vu le jour depuis 2012, révèle Valérie Chevalier, la directrice départementale, j’y suis allée il y a trois semaines avec Claude Pilet, le président de la fédération de Charente-Maritime. Je peux vous assurer que c’est une réussite. »
Comme dans les 450 MFR de France, les formations qui y sont dispensées sont liées au territoire d’implantation. Au Cambodge, les trois maisons familiales rurales sont principalement axées sur l’agriculture, le maraîchage et le petit élevage. Et Lina, une Cambodgienne de 25 ans, a obtenu son diplôme à la MFR de Takéo et a pu ainsi créer son entreprise de culture de champignons.
Les rendez-vous importants en 2017
Pendant quatre mois, les mille élèves de MFR (ainsi que les 130 salariés) de Charente-Maritime travaillent sur une opération “ouverture vers le monde”. Le fruit de leur travail (saynètes, slams, chansons, films…) sera présenté le mercredi 25 janvier à la salle polyvalente de Pons. L’autre grand rendez-vous de 2017 aura lieu les 7 et 8 juillet à l’espace Encan de La Rochelle. « Nous allons en effet accueillir le congrès national des MFR, confirme la directrice, nous attendons entre 2 500 et 3 000 congressistes. »
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