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Archéologie : l'enquête du Fâ se poursuit

Sport et Loisirs​. Novioregum, la ville antique portuaire certainement la plus importante de la côte Atlantique, n’a pas décidé de livrer tous ses secrets d’histoire. Du moins pas tout de suite…

Archéologie : l'enquête du Fâ se poursuit
Les étudiants du chantier école tentent eux aussi de percer les mystères de Novioregum.
[caption id="attachment_3656" align="alignnone" width="630"]Les étudiants du chantier école tentent eux aussi de percer les mystères de Novioregum. Les étudiants du chantier école tentent eux aussi de percer les mystères de Novioregum.[/caption]

Novioregum, la ville antique portuaire certainement la plus importante de la côte Atlantique, n’a pas décidé de livrer tous ses secrets d’histoire. Du moins pas tout de suite…

« Il nous faut comprendre cette ville » : voici en substance tout l’intérêt de cette campagne de fouilles 2016 dévoilée jeudi 21 juillet par Jacky Quesson, Conseiller départemental de la Charente-Maritime et président du Syndicat mixte pour la valorisation du site du Fâ. Thermes, habitats, boutiques, latrines et un probable forum, ou plus récemment encore la découverte d’une grande avenue et de quatre rues, ne forment que partiellement le profil de la cité antique Novioregum, située à quelques encablures de Meschers, au cœur de l’Estuaire de la Gironde.

Difficile d’apporter à ce jour des réponses concrètes. Une nouvelle campagne de fouilles semble nécessaire. Et pour parvenir à ses fins, le Conseil départemental semble vouloir se donner les moyens nécessaires, grâce à une politique adaptée. En particulier sur le foncier. « Pour éviter l’érosion des vestiges y compris par l’activité agricole, le Département se rend acquéreur de parcelles, en échange d’une mise à disposition gratuite des terres à l’exploitant » soutient Jacky Quesson. Tout récemment, 40 ha de terres ont été acquis par le Conseil départemental sur Épargnes et Arces sur gironde ou encore Talmont.

Les politiques publiques au chevet du Fâ Autre axe de politique départementale, la création d’un petit internat de 50 lits à destination des primaires, sur le site. Cette classe transplantée se justifie, toujours selon l’élu par l’absence d’une telle démarche en Charente-Maritime. Le département ayant vendu son bâtiment installé en Corrèze devenue inintéressante pour les écoles, a souligné l’élu. Du côté recherche et développement, le Département s’oriente vers un autre projet structurant pour le site du Fâ. « L’idée c’est d’établir des recherches sur les modes de construction d’alors » dévoile Jacky Quesson. En clair, une étude sur les matériaux de construction… d’avenir.

Côté fouilles, durant tout l’été, le site du Fâ prend des allures de chantier école, autre volonté départementale. Les étudiants en archéologie de Poitiers, et Bordeaux auront pour mission de mettre à jour le mobilier, au gré des découvertes… pour tenter eux aussi de percer le mystère du Fâ.

Le Fâ en chiffres… Cité portuaire antique remontant à 2000 ans : 20 hectares, 20 000 visiteurs par an, 4 500 visiteurs scolaires.

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Voierie protohistorique

Les précieux sondages opérés par les étudiants du chantier école dévoilent d’autres vestiges, comme autant de stigmates d’une vie passée : des caniveaux avec leurs bordures. On n’oubliera pas que, bien avant nos époques modernes, les Romains, ingénieux s’il en est, avaient inventé le système de « tout à l’égout ». Le procédé s’était perdu dans les limbes du temps… mais c‘est une tout autre histoire ! Là encore, les archéologues se disent à ce stade démunis, incapables d’affirmer si des constructions ont été érigées à côté des rues ou pas. Et pour établir un début de réponses tangibles, tous souhaitent l’ouverture d’un nouveau programme dédié. « J’ai le sentiment, mais il reste un sentiment, qu’un plan d’urbanisme avait été lancé. À en croire les îlots construits et d’autres laissés à l’abandon. Des quartiers habités sont peut-être encore ensevelis près des groupes monumentaux » susurre Karine Robin, archéologue.

[caption id="attachment_3658" align="alignnone" width="630"]La découverte d’une poubelle romaine relance les interrogations : coquilles d’huitres, os et fragments d’amphores La découverte d’une poubelle romaine relance les interrogations : coquilles d’huitres, os et fragments d’amphores[/caption]

Une poubelle romaine

« Nous venons de trouver un niveau de galets sur l’axe est-ouest de l’une des rues. Le constat est simple : pas de construction, excepté un caniveau » s’interroge stupéfaite Karine Robin, responsable départementale des fouilles. Cette via tout de cailloux construites, présente une autre mise à jour : des fragments d’amphores, des coquilles d’huitres portant la marque d’un couteau qui les aura forcés à s’ouvrir pour libérer leur gustative chair. On est là en présence de restes de repas. C’est une certitude. L’idée d’une poubelle version protohistoire se dessine alors pour les scientifiques.

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Maçonnerie en bordure de caniveau

À l’autre extrémité du site de fouilles, la découverte d’un probable caniveau : « C’est en tout cas un élément en lien avec les eaux » se ravit Céline, archéologue. Un angle maçonné se découvre laissant présager une surface intérieure avec mortier. En amont, une autre interrogation envahi les scientifiques : la présence de terres noires, compactes et denses ; des sédiments bien différents du niveau investigué se trouvant juste au dessus.

[caption id="attachment_3660" align="alignnone" width="630"]Les stigmates de constructions en bois, sur une des voies de la cité antique. Les stigmates de constructions en bois, sur une des voies de la cité antique.[/caption]

Restes d’une construction en bois

Près d’une parcelle de vignes qui attendent patiemment le moment des vendanges, le sol est percé laissant apparaître une poubelle romaine et les traces d’une sédimentation pierreuse : c’est possiblement un carrefour qui semble converger vers le secteur bâti. Des trous dans le sous-sol sont disposés çà et là : « Ce sont les restes d’une implantation de structures en bois aujourd’hui complètement disparues » annonce fièrement l’étudiant poitevin, courbé sous la douleur des postures de l’archéologue minutieux. Au centre de cette artère, un magnifique puits encore comblé laisse entrevoir aux visiteurs les formes généreuses de sa margelle.

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