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Saint-Porchaire : au secours des chevaux

Actualités​. Nathalie et Anthony David ont créé l’association Equiflétrie pour venir en aide aux chevaux destinés à l’abattoir. Ils sont ensuite remis au travail puis cédés à de nouveaux propriétaires qui doivent répondre à certaines exigences. La création de cette association est une histoire de passion.

Saint-Porchaire : au secours des chevaux
Nathalie et Anthony David avec Zakataei. Récupéré chez un éleveur de chevaux de course, il était destiné à l’abattoir. Il est aujourd’hui remis au travail par Anthony.
[caption id="attachment_3637" align="alignnone" width="630"]Nathalie et Anthony David avec Zakataei. Récupéré chez un éleveur de chevaux de course, il était destiné à l’abattoir. Il est aujourd’hui remis au travail par Anthony. Nathalie et Anthony David avec Zakataei. Récupéré chez un éleveur de chevaux de course, il était destiné à l’abattoir. Il est aujourd’hui remis au travail par Anthony.[/caption]

Nathalie et Anthony David ont créé l’association Equiflétrie pour venir en aide aux chevaux destinés à l’abattoir. Ils sont ensuite remis au travail puis cédés à de nouveaux propriétaires qui doivent répondre à certaines exigences. La création de cette association est une histoire de passion : celle des chevaux, celle de la vie et celle du partage.

Nathalie et Anthony sont bien conscients qu’ils ne pourront pas arracher tous les chevaux au triste sort qu’est une fin dans un abattoir. Mais par le biais de leur association, ils posent une pierre à l’édifice du « sauvetage des chevaux » comme ils l’appellent eux-mêmes.

Pourtant, rien ne présageait cet engagement dans la sauvegarde animale pour ce couple qui, il y a plusieurs années, ne connaissait rien aux équidés. « Ma fille fait du cheval depuis qu’elle a 4 ans, raconte Nathalie. On l’emmenait, venait la chercher, rien de plus. Puis à 13 ans, elle a voulu un cheval et franchement on a dit non. » La peur de se retrouver avec un cheval sur les bras et une ado qui change de centre d’intérêt avait guidé leur réponse. Mais un jour, tout a basculé. Anthony, sapeur-pompier, a eu un grave accident au travail : « Je me suis dit qu’on était peu de chose, explique-t-il, et qu’elle devait avoir son cheval ».

« Comment un cheval comme ça aurait pu finir en barquette demain ? » C’est alors que la petite famille se met à la recherche d’une monture pour l’aînée de la fratrie. Ils parcourent les centres équestres, vont visiter des particuliers… puis un jour, ils tombent sur une annonce sur un forum : « Il faisait le lien avec des chevaux partant pour la boucherie », reprend Nathalie. La photo d’un des chevaux les interpelle, ils vont le voir et la jeune fille tombe amoureuse de lui : « Le 8 août 2008, on signait pour ce cheval. »

Les nouveaux propriétaires ramènent ce pur-sang anglais chez eux et découvrent un animal d’une gentillesse incomparable : « On s’est demandé comment un cheval comme ça aurait pu finir en barquette demain ? Il ne méritait pas cela ». Ce fut la révélation pour ces néophytes, qui a été partagée avec Sébastien et Elise, le frère d’Anthony et sa femme qui adoraient aussi les chevaux.

Ils se lancent tous dans l’aventure en devenant bénévole pour ce forum. Ils prenaient les photos des chevaux, les transportaient chez leurs nouveaux propriétaires : « Et Anthony a craqué pour une jument, on a sauvé un deuxième cheval », poursuit Nathalie. Mais voilà, ces chevaux plus ou moins laissés à l’abandon ne sont pas les plus faciles à manier, comme le confie Anthony : « On s’est retrouvés confrontés a des chevaux de plus en plus compliqués. On n’y connaissait pas grand-chose et s’est vite senti dépassés, en danger. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose ». Alors Anthony ouvre des livres sur les chevaux, regarde des documentaires et fait des rencontres « d’hommes de cheval », qui lui donnent des clés et le conforte dans leur choix. La passion était alors totalement ancrée dans leur quotidien.

Changement radical de vie Alors propriétaire d’une maison à Saint-Porchaire avec un peu de terrain à côté, l’arrivée du troisième cheval a poussé la famille à chercher un autre lieu. On leur prête alors des terrains autour d’une vieille ferme abandonnée dans la même commune : 3 ha et un ruisseau qui passe au milieu des prés. « C’était en vente et à force de venir sur ce site où on se sentait apaisés, on s’est dit « et si on achetait » ».

Un changement radical aux dires de Nathalie : « A vrai dire, on avait une vie avant. On avait un petit pavillon, une petite voiture, on partait en vacances. Du jour au lendemain, on a tout vendu, on a fait toutes les banques et on a trouvé quelqu’un qui a pensé que notre projet était viable ». Le projet comprend l’association et l’accueil de touristes en gîte. « ça fait 7 ans qu’on est dans les travaux de rénovation, d’amélioration, de création pour les chevaux… »

Une vie à 100 à l’heure avec l’association, les gîtes, leurs métiers (Nathalie travaille aussi avec des personnes handicapées) et leur vie de famille : « On trouve que les journées sont trop courtes », lance Anthony.

Le vol Rio-Paris Mais un drame de la vie a failli faire que tout ceci n’existe pas : « On venait d’acheter et Sébastien et Elise sont décédés dans le vol Rio-Paris. Ils sont partis en vacances au Brésil et n’en sont pas revenus », lâche Nathalie dans un souffle. Le poids de la douleur a alors tout remis en cause : « Nous devions porter l’association tous les quatre. »

Mais un jour, des habitants de Saint-Porchaire leur rendent visite. Ils viennent de récupérer une jument et veulent que Nathalie et Anthony s’en occupent. « On leur a dit qu’on voulait tout remettre en vente et qu’on abandonnait. Ils nous ont fait comprendre que si Seb et Elise étaient restés et nous partis, ils n’auraient pas baissé les bras et l’auraient fait pour nous… A partir de là, on a monté l’association, le 31 décembre 2009. Et nous avons reçu notre premier cheval, Irka, le 1er janvier suivant. Elle est encore chez nous, elle a 21 ans. Et on n’a pas fait une seule chose depuis la création de l’association, sans nous dire que Seb et Elise sont derrière nous. »

Aujourd’hui, Equiflétrie compte 4 pensionnaires en attente de placement. Des chevaux rachetés, souvent en très mauvais état, réquinqués, redressés par Anthony (lire encadré) et replacés contre remboursement de certains frais. Mais ce n’est pas si simple, un rite de passation a été instauré : « On les place et on les suit jusqu’à leur mort. Mais avant qu’ils partent, les personnes viennent plusieurs fois les voir, les monter. Et si ça ne colle pas, on refuse la vente. » Un précepte sur lequel, Nathalie et Anthony ne dérogent pas. Cette bienveillance pour les chevaux et leur devenir, c’est toute l’âme de l’association Equiflétrie.

Carine Fernandez

Plus d’infos sur http://equifletrie.over-blog.com

[caption id="attachment_3638" align="alignnone" width="630"]Zakataei au travail avec Anthony. Zakataei au travail avec Anthony.[/caption]

Réhabiliter les chevaux

Devenu accro aux chevaux, Anthony a développé une activité de remise aux ordres des chevaux : « Il était tellement bien avec les chevaux, raconte son épouse Nathalie, qu’un jour avec ma belle-mère on lui a offert un stage d’une semaine à la maison avec Pierre Crampon* ». Une vraie révélation pour Anthony ! « Pierre a reconnu que je n’y connaissais rien alors, mais que j’avais un instinct avec les chevaux », confie Anthony. L’homme de cheval l’a ainsi encouragé. C’était en 2011, et depuis, Anthony n’a cessé de se perfectionner.

Aujourd’hui, il propose un accompagnement des cavaliers avec leurs chevaux : « Je suis souvent appelé pour un problème ponctuel à régler », comme un cheval qui refuse de monter dans un van ou à partir en extérieur seul… Mais il intervient aussi sur des problèmes plus impactant au quotidien, car de cette incompréhension entre la monture et son cavalier naît les accidents : « Des personnes se retrouvent en danger parce qu’elles ne savent plus par quel bout prendre leur cheval. On connaît très bien le problème (lire texte principal). C’est pourquoi aujourd’hui on sait par quoi les gens peuvent passer. Notre récompense est quand une personne retrouve le sourire lorsqu’elle monte à cheval. »

Des stages sont d’ailleurs régulièrement organisés à Equiflétrie, donnés par Pierre Crampon « pour que les cavaliers voient une autre facette de l’équitation et surtout une autre manière d’éduquer son cheval et de l’utiliser au quotidien. Il y a beaucoup trop d’accidents parce que les gens ont appris à monter à cheval mais pas à manipuler un cheval. »

Aujourd’hui, Anthony aimerait que les centres équestres s’ouvrent un peu plus à l’équitation éthologique et leur propose ses services : « Je ne veux pas y donner des cours mais conseiller les moniteurs pour les mettre sur une voie de travail différente. » Un projet de plus pour ce passionné qui est dans le partage de ses connaissances.

*Spécialisé dans la communication homme-cheval et dans la rééducation des chevaux à problèmes formé par Ray Hunt et Ronnie Willis.

[caption id="attachment_3639" align="alignnone" width="630"]Sierra a repris du poil de la bête. Sierra a repris du poil de la bête.[/caption]

Sierra avant et après

Récupérée dans les Pyrénées, Sierra est aujourd’hui en très bonne forme et séjourne toujours à Equiflétrie où elle passera le reste de sa vie : « Quand on est pris dans le sauvetage, le malheur de ces chevaux vous prend tellement aux tripes quand vous les voyez en stabul chez le marchand que vous en sauvez un, deux puis trois… C’est finalement comme ça qu’est née l’association », confie Nathalie.

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