Saint-Savinien – Mi-avril, les élus départementaux se sont réunis pour faire le point sur le vaste chantier de dévasement de la Charente. Coup de projecteur sur ce projet hors-norme.
Le 14 avril dernier au matin, le soleil rayonnait sur le port de Saint-Savinien. Difficile dans ces conditions d’imaginer les dégâts occasionnés par les importantes inondations de ces dernières années. C’est pour les prévenir que le Département de la Charente-Maritime a mis en place les actions du Programme d’actions et de prévention des inondations (PAPI). Un travail de longue haleine puisque les premières actions ont été entreprises en 2004.
“Veiller à la bonne gestion
de cette ressource”
Les objectifs du dévasement de la Charente en font un chantier qui reste à ce jour unique en France. Tant par la longueur draguée, 12 kilomètres, que par le volume des sédiments retirés, environ 500 000 m3, et la durée de l’opération qui est de 6 à 8 ans avec un coût estimé de sept millions d’euros.
“Nous sommes très sensibles à la politique de l’eau dans notre département. Il est bien possible que, si l’on n’y prend pas garde, l’eau devienne une denrée rare dans les prochaines décennies, estime la présidente du Conseil départemental. Sylvie Marcilly. Nous devons veiller à la bonne gestion de cette ressource. De plus, notre position en tant que département touristique nous oblige, en tant qu’élus, à anticiper nos actions.”
C’est en effet pour maintenir la continuité hydraulique, sédimentaire et écologique du fleuve que ces travaux ont été entrepris au début de l’année 2020, date de la première campagne de dragage.
“L’envasement progressif du lit de la Charente constituait un risque important avec l’augmentation de la turbidité, pouvant entraîner des arrêts de prélèvements des usines de production de Coulonges et Saint-Hippolyte qui alimentent la moitié de la Charente-Maritime”, explique Françoise de Roffignac, vice-présidente du Département chargée de la politique de l’eau.
Cette opération a été rendue possible par l’expérience du service dragage du département qui est l’opérateur principal pour l’extraction des sédiments jusqu’à l’export en agriculture. C’est d’ailleurs la drague La Grande Mulette qui travaille sur le fleuve.
Préserver les espèces
Une des spécificités de ce chantier est le réemploi, après séchage dans les bassins de décantation, des sédiments du fleuve, qui peuvent, grâce à leur bonne qualité, être réutilisés sur les cultures. Ils maintiennent ainsi un cycle naturel par un retour à la terre.

Un autre volet important de ce dévasement est l’enjeu environnemental, qui se doit de limiter au maximum les effets sur les milieux naturels en assurant un suivi adapté des entreprises en charge des travaux.
La Charente héberge en effet un nombre important d’espèces animales, végétales et d’habitats naturels patrimoniaux. Il a fallu adapter les zones de dragage à la présence de la grande mulette, une espèce menacée de moules dont les plus grandes stations se situent près de Port-d’Envaux, veiller au vison et à la loutre d’Europe, ne pas perturber les chauves-souris par un travail nocturne, aménager les bassins de décantation pour l’avifaune et les amphibiens et, enfin, préserver les arbres d’intérêt écologique en bordure d’emprise.
La troisième opération de dragage s’est déroulée de septembre 2021 à février 2022, permettant à elle seule d’extraire 95 000 m3 de sédiments, les conditions hydrologiques du fleuve ayant été particulièrement favorables.
👇 Plus d’informations dans L’Hebdo de Charente-Maritime du jeudi 5 mai.