Tribunal – Un Audonien de 24 ans a été condamné pour chantage mais relaxé du fait d’exhibition sexuelle.
Le 19 mai dernier à la barre du tribunal judiciaire de La Rochelle, Paul(*) était plus penaud qu’autre chose. Julie, qui avait déposé plainte le 8 novembre 2020 contre lui, était absente de l’audience et ne s’était pas constituée partie civile.
Il est reproché au prévenu d’avoir voulu faire chanter la jeune femme avec des photos d’elle dénudée. L’un et l’autre ont fait connaissance sur un site de rencontre coquin en juillet 2020. Leur relation se limitera à quelques conversations et échanges sur les réseaux sociaux.
Le 7 novembre de la même année, Paul reprend contact avec Julie. “J’avais appris quelque chose sur elle”, explique-t-il benoîtement au tribunal. Le même jour, ils échangent de nouveau sur le Net. Le prévenu explique à la victime qu’il détient des photos d’elle nue et qu’il va les publier sur les réseaux sociaux. Julie demande alors à voir les preuves. Elle allume sa webcam.
« Je voulais voir
ses pieds »
Son visage n’apparaît pas à l’écran. Seul le bas de son corps apparaît et notamment ses pieds et ses chaussettes. “Je voulais voir ses pieds”, poursuit Paul. À leur vue, il commence à se masturber. Mais le prévenu ne se souvenait pas avoir lui aussi allumé sa webcam.
Julie coupe la liaison et va déposer plainte. Les experts qualifient le prévenu de « fétichiste à caractère antisocial”. Paul fait son mea culpa : “Je faisais n’importe quoi. J’étais dans une mauvaise passe.” Son avocat reconnaît : “Je ne comprends rien. »
De son côté, le ministère public évoque “un monde moderne avec des jeux sexuels qui mettent la pression sur la victime.”
Une peine de trois mois de prison avec sursis probatoire est requise à l’encontre de Paul dont le casier judiciaire comportait une mention.
Me François Drageon précise que “les sites de rencontres ne sont pas celui du National Geographic. Moi, je n’y vais pas. Je ne suis pas doué en informatique. Mais je ne voudrais pas publier les noms de tous ceux qui y vont. Je me suis arrêté au 36 15. Après, ils ont enlevé le minitel. L’histoire de mon client, ce sont les pieds. La victime montre ses pieds sur un site de cul. C’est mal élevé, c’est dégueulasse, mais ce n’est pas pénalement répréhensible.”
Paul a finalement été relaxé du chef d’exhibition sexuel : “Ce n’était pas au regard du public.” Concernant le chantage, il devra en revanche s’acquitter de 60 jours-amendes à hauteur de trois euros chacun.
(*) Les prénoms ont été modifiés.
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